MADAGASCAR - De Tulear (Toliara) à Anakao

> Anakao - Culture Vezo & tourisme : une relation contre-nature ?

Nous profitons du reste de la matinée pour gagner le centre d’Anakao par la plage dans l’espoir d’assister à un de ces fameux retour de pêche.
Lorsqu’un guide évoque une plage vezo 'minée', vous devez comprendre littéralement que les vezo en ont fait un lieu d’aisance, bref des toilettes publiques. Les hypothèses souvent avancées pour expliquer une telle pratique sont de 2 ordres : soit il s’agirait de respecter les tombeaux situés à 500 m derrière le village (protégés par de nombreux fady -interdits-), soit il s’agirait de ne pas polluer les réserves d’eau potable auxquelles on accède par des puits situés à quelques dizaines de mètres de la plage. Quoiqu’il en soit, si vous aimez fouler le sable fin au clair de lune, munissez-vous d’une lampe électrique.
Une colonne de jeunes filles vezo portent fièrement des seaux d’eau tandis que les garçons mettent en compétition des pirogues miniatures, reproductions exactes de celle de leurs pères. Ici, pas d’école mixte : les savoirs sont différenciés dès le plus jeune âge.
Nous dépassons un alignement de pirogues à balancier vezo qui exhibent tantôt les couleurs vives d’un bois de faible densité tantôt, lorsqu’elles sont retournées, le noir des coques enduites du goudron prélevé sur la route voisine.

Des enfants nous rattrapent et mécaniquement jettent un :
- « Hé, vazaha ! Comment tu t’appelles ? Donne-moi des bonbons ».
On comprend vite que le caractère authentique des lieux, affiché par tant de guides touristiques, est peut-être galvaudé ! Le climat social à Anakao n’est pas de toute fraîcheur. A notre goût, la relation vazaha-vezo porte ici les stigmates d’un tourisme peu écologique, qui profite peu à la population locale… (Cette hypothèse est personnelle mais des réflexions sur l’intégration des activités touristiques sont en cours, ce qui laisse penser que mon point de vue n’est peut être pas totalement farfelu.)

Après un rapide tour sur le marché et une errance peu inspirée dans les dunes d’Anakao, nous retournons Chez Stoïck.. Un groupe de 3 surfers profitent pleinement de la terrasse ensoleillée de la trano-mena (maison rouge) pour s’affronter aux échecs dans les vapeurs reggae d’une spirit-cigarette. La table commune du gîte, nous la partagerons de même avec un couple suisse : Yves et Vanessa qui réalise un vidéo-reportage sur le phénomène de possession chez les Vezo. Plus tard, nous seront rejoints des enseignants réunionnais, un animateur de RFI,...
Cette joyeuse communauté nous donnera envie de prolonger notre séjour sur place.